Nous faisons suite ici à la première partie de notre article sur l’Open Data, publiée mercredi. Mais avant de reprendre, voici une animation vidéo très bien réalisée pour nous remettre dans le bain !
Les enjeux financiers liés à l’Open Data
Bien que le modèle économique de l’Open Data ne soit pas encore définit avec exactitude, on remarque cependant que 57% des utilisateurs ont recours à des données publiques payantes, et que celles-ci concentrent la plus forte valeur ajoutée comparativement aux données gratuites, relève Virgine Boillet, responsable études et veille chez SerdaLab.
Malgré l’appellation Open Data, certains acteurs font payer leurs données, souvent les plus intéressantes. En 2011, l’IGN (Institut Géographique Nationale) a généré 36,5 millions d’euros de revenus grâce à la vente de ses données. Mais selon certaines personnes, ce positionnement reste discutable.
Bernard Ourghanlian, Directeur Technique et Sécurité chez Microsoft, indique que la diffusion gratuite des données se justifie clairement d’un point de vue politique afin de jouer la transparence. Cependant la question du financement doit être posée lorsque sont en jeu des perspectives de création de valeur, étape suivant l’exploitation des données. Pour Bernard Ourghanlian, la question du financement doit être menée par les responsables politiques afin de créer le futur « business model » de l’Open Data.
Ce que constate Virginie Boillet, lors d’une étude réalisée récemment sur le marché de l’Open Data en France, est qu’il existe un fort engouement pour l’Open Data, notamment de la part des SSII, des start-ups et des acteurs IT qui développent de nouveaux usages des données disponibles. Elle note que « l’intérêt de l’Open Data est de croiser non seulement des données publiques, mais aussi des données produites en entreprise, des données issues du web et des données créées et partagées par des citoyens (crowdsourcing) afin de générer des applications riches en valeur ajoutée ». Dans le cadre de ce modèle, les perspectives de génération de revenus supplémentaires deviennent ainsi perceptibles.
L’un des enjeux fort de l’Open Data est donc de réussir à se positionner de manière optimale afin de valoriser les données disponibles dans le but de créer de nouvelles applications ou de nouveaux services innovants, comme améliorer le marketing ou la communication d’une entreprise par exemple. Selon Jean-Marc Lazard, fondateur d’OpenDataSoft, la donnée doit faire le lien entre l’entreprise et le client final au travers d’une application afin de contribuer à la création d’un écosystème.
Perspectives et freins liés à l’Open Data
Parmi les acteurs incontournables de l’Open Data, les SSII et les SSLL occupent une place majeure (Atos, Logica, CapGemini, Steria, GFI Informatique, Smile, Easter Eggs…). Celles-ci se sont spécialisées dans la construction de portails d’ouverture de données publiques, souvent basés sur l’utilisation de solutions open source telle que CKAN (développée et maintenue par l’Open Knowledge Foundation) et dans le développement d’applications pour smartphones ou tablettes utilisant des données publiques dans différents domaines.
A titre d’exemple, le gouvernement britannique qui utilise notamment CKAN pour son portail data.gov.uk, liste actuellement 8 000 jeux de données gouvernementaux. Peuvent également être cités GFI Informatique, à l’origine de ToutRennesBouge.fr et ToutNantesBouge.fr, deux applications mobiles tirant parties des données ouvertes sur les transports publics des villes de Nantes et Rennes, ainsi que SSII Ippon Technologies à l’origine de Nantes Mobi Parking, une application mobile sous Android facilitant la recherche de place de parking libre par les automobilistes nantais.
D’un point de vue organisationnel, l’Open Data n’échappe pas à la règle et est soumis à un certain nombre de freins. Le travail effectué auprès d’organismes publics, d’entreprises ou d’entrepreneurs afin d’engager un discours convaincant sur la disponibilité et l’accessibilité des données est une étape essentielle et consommatrice de temps. De même, l’engagement sur la qualité des données a son importance afin d’en extraire une véritable valeur ajoutée lors de leurs utilisations et traitements futurs.
D’un point de vue juridique, l’Open Data soulève également quelques interrogations, même si l’on sait que les données sensibles et à caractère personnel restent exclues de cette démarche. La protection des données et leur utilisation restent donc surveillées. En 2011, la RATP avait demandé au créateur de l’application mobile Checkmymetro de retirer la carte du plan de métro dessinée par un agent de la RATP, en raison de la protection du droit d’auteur auquel la carte était soumise.
Une nouvelle dynamique de croissance possible
Henri Verdier, directeur d’Etalab, en charge de l’administration du portail interministériel data.gouv.fr, estime que l’initiative de l’état dans l’Open Data est un vaste chantier. Etalab, qui est la mission chargée de l’ouverture des données publiques et du développement de la plateforme française Open Data, développe actuellement une nouvelle version de sa plateforme en tenant compte des retours d’usages, des suggestions des utilisateurs et des exigences liées à l’augmentation des ressources mises en ligne. Cette plateforme se veut être un portail innovant qui renferme de nouveaux services et usages, ayant pour finalité de prendre l’aspect d’un véritable écosystème, comme nous le mentionnons précédemment.
Les enjeux liées à l’Open Data reposent donc potentiellement sur le développement de nouveaux modèles économiques. De nombreux acteurs y voient ainsi des opportunités de création de valeurs et de chiffres d’affaires jusque-là inexploités. Les chantiers d’ouvertures des données lancés au niveau national et régional ainsi que les démarches entreprises auprès d’acteurs privés afin de venir étoffer les bases de données, laissent à croire que l’ère de l’Open Data est en train d’amorcer une nouvelle dynamique dont les effets positifs sur l’économie globale pourraient être ressentis prochainement.
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